Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Another Day in Paradise...
Archives
22 septembre 2014

Tahiti 1914 : Papeete est bombardée

Le samedi 1er août 1914, tandis qu'il fait grand jour en France où l’on annonce la mobilisation

générale...A Tahitic’est la nuit.

On danse sur le Montcalm, croiseur-amiral français de la division d'Extrême-Orient en escale ici.

Le seul autre navire militaire français présent en Polynésie est la vieille canonnière Zélée, commandée

par le capitaine Destremau.

A l’époque, en Polynésie, il n’existe même pas un poste de TSF.

Les nouvelles mettaient du temps à arriver jusque dans ces îles lointaines.

Après une escale à Raiatea, le Montcalm quitte la Polynésie et met la cap sur Nouméa, laissant la défense des

118 îles polynésiennes aux bons soins de la seule Zélée.

Celle-ci, ralentie par de nombreux problèmes de machines, ne parvient à remettre le cap sur sa base de

 Papeete que le 7 août.

En chemin, elle arraisonne le cargo allemand Walkure au large de Makatea et le ramène avec elle à Tahiti,

ce qui va s’avérer de la toute première utilité par la suite.

A Papeete, la Zélée était impatiemment attendue.

En effet, si Paris a oublié de prévenir le gouverneur colonial Fawtier, à Papeete, tout comme les autres colonies

françaises du Pacifique d’ailleurs, le consul d’Angleterre, lui, vient de recevoir de Londres l’avis

de la déclaration de guerre.

Pour organiser une quelconque défense de Tahiti, on ne peut compter que sur la Zélée, son équipage, et une

soixantaine de « coloniaux » récemment arrivés de Nouméa. 

Malgré l’opposition d’une partie de la population européenne de l’île, il s’agissait de se mettre en mesure

de se protéger d’une quelconque menace venue de la mer.

Et cette menace n’est pas à prendre à la légère.

En effet, contrairement à la France, l’Allemagne dispose dans le Pacifique Sud de cinq de ses plus belles

unités, dont les deux grands croiseurs cuirassés Scharnhorst et Gneisenau, tous deux très

lourdement armés.

En conflit ouvert avec le capitaine Destremau, c’est avec beaucoup de mauvaise grâce que le gouverneur

Fawtier confie à ce dernier la délicate mission d’assurer la défense de Tahiti.

Pour cela, Destremau ne dispose que des armes embarquées à bord de la Zélée.

Il existait bien quelques pièces d’artilleries, mais elles avaient depuis longtemps été abandonnées à la

luxuriante végétation tropicale et à la rouille.

Pour commencer, Destremau prévoit de bloquer la passe du port de Papeete avec leWalkure.

Ensuite, afin de disposer d’un semblant d’artillerie, il fait démonter les dix pièces qui arment sa vieille

canonnière (deux canons de 100, quatre de 65 et quatre de 37).

Aux prix d’efforts incroyables, il fait installer l’un des canons de 100 et les quatre de 65 à l’emplacement de

l’ancienne batterie qui domine la passe de Papeete.

Le tout est réalisé en cinq jours seulement.

Il ne reste plus qu’à guetter l’arrivée des navires du comte Von Spee, commandant en chef de l’escadre allemande.

On a en effet appris que les deux croiseurs allemands, en se faisant passer pour des navires Anglais,

ont réussi à se ravitailler à Bora Bora.

Aux dernières nouvelles, ils ont mis le cap sur Tahiti…

Le 22 septembre 1914, les cuirassés Scharnhorst et Gneisenau se présentent devant la passe du port de Papeete.

A 2000 m du récif de corail, ils essuient trois salves de la batterie installée par Destremau.

Fort surpris, mais confiant dans son artillerie infiniment supérieure (16 pièces de 210 et 12 de 150),

Von Spee s'écarte et tire plusieurs salves sur la forêt.

Puis il se présente à nouveau à l’entrée de la passe.

Afin de leur en interdire l’accès, le capitaine Destremau saborde le cargo Walkure dans le port,

n'ayant pu le faire dans la passe elle-même.

Dans le même temps, il met le feu au dépôt de charbon du port.

Afin de ne pas montrer ses forces réelles, il laisse ses canons silencieux.

Le charbon est la principale raison qui attire les navires allemands à Tahiti.

Dès lors qu’il n’y en a plus, l’enjeu n’est plus du tout le même.

D’autre part, le silence de l’artillerie française inquiète Von Spee qui soupçonne un piège.

Craignant de perdre bêtement un bâtiment pour rien, puisque le charbon est en feu, Von Spee

lance plusieurs salves de son artillerie sur la ville de Papeete qui s'embrase, tandis que deux

obus touchent la Zélée qui coule, pavillon haut.

Puis, il fait demi-tour et s'éloigne.

Le petit lieutenant de vaisseau Destremau a sauvé Tahiti.

Cependant, un tiers de Papeete est en cendres et il y a eu deux morts dans les ruines du marché

frappé de plein fouet par plusieurs obus...

Bombardement_PPT_006

 Parce que la majeure partie des archives de la ville est partie en fumée dans l’incendie, provoqué par les

 bombardements, aujourd'hui encore, il est difficile de connaître les détails de la vie à cette époque là.

Publicité
Publicité
Commentaires
Another Day in Paradise...
Publicité
Newsletter
21 abonnés
Publicité